mardi 4 mars 2008

N°23 Roquecor, coteaux, vallons et points de vue lointains, en passant par Lacours de Visa, 13 km 5, dénivelée totale: 320 mètres.


Carte de Cassini
Roquecor: cette toponymie indique une position en hauteur. En surplomb de la vallée de la petite Séoune, les habitants de ce village primitivement occupé par les Celtes, pouvait surveiller les passages vers le Quercy tout proche. Un peu plus haut sur la serre, le sentier de randonnée reprend une partie du vieux chemin d'Agen à Cahors. Durant le Moyen-Âge, une charte de coutumes est octroyée en 1262 aux habitants de Roquecor par Isarn d' Aspremont. Plus près de nous, le village était chef lieu de canton du département de Lot-et-Garonne de 1790 à 1797. On trouve des vestiges de maison du XV° ou XVI° siècle et des maisons des XVIII° et XIX° siècles ainsi que des chronogrammes aux dates suivantes: 1703 (2 fois) , 1735, 1883.
(Informations Patrimoine de France)

C'est par un vent du nord glacé et déchaîné, ainsi qu'un ciel extrêmement changeant, que nous partons vers l'église de Saint Martin. Avant de quitter le vieux village nous passons devant les couverts dont certains sont en bois et ont toutefois traversé les siècles.





Le chemin de retour passe sous cette très vieille maison avant d'émerger sur l'aire villageoise.

On se rend compte qu'à cette époque, qu'il était plus important d'être protégé des attaques et des intempéries en serrant les habitations les une contre les autres et en ne laissant qu'un passage suffisant pour les charrettes. La vue et l'espace était un facteur d'insécurité.

Le passage débouche dans la pente et descend en pente rapide vers la Petite Séoune. Les eaux s'y écoulent, encore comme autrefois, dans une large rigole empierrée au fond plat et bords francs. La large pierre jetée au-dessus, permet toujours aux habitants de la maison de droite de passer facilement pour aller chez eux. A gauche de ce chemin, la serre a été entaillée et a sans aucun doute servi de carrière pour construire les maisons. A droite des jardins vivriers existent toujours, les uns au-dessus de autres en terrasses. Ils sont tournés au soleil du sud-est. Nous ne jetons qu'un bref regard avant de reprendre notre route vers le sud-ouest.

Au passage nous croisons ces maisons dont le mur de torchis initial est encore visible, une partie ayant été comblée, plus récemment, de briquettes.

Ce petit "fénestrou", présente une pierre d'égout pourvue d'un élégant arrondi, ce qui témoigne du soin apporté : la maison ne devait pas être modeste.

Ici on a réduit l'ouverture de la porte initiale, sans doute depuis longtemps.

Cette maison, sans doute du XVIII° siècle, présente des encadrements de portes et fenêtres très soignés.


On trouve cette androne entre deux importantes maisons. Contrairement à la légende, ces andrones ne protégeaient guère contre la propagation du feu, le peu d'écart entre deux maisons étant dérisoire. En fait elle servait tout comme on peut le constater aujourd'hui, à l'écoulement des eaux usées, voire à se soulager à l'abri des regards.

Les images sont prises pour la 1°, à l'extérieur. Pour la seconde, à l'intérieur avec flash. En dehors du tuyau de PVC, on voit, à mi- hauteur, une pierre d'écoulement des eaux qui "lavait" les lieux.

La vue se perd, en bord de serre, vers les hauteurs de l'autre rive de la Petite Séoune. Nous sortons du village en bout duquel, se construisent trois immenses maisons, et prenons la route vers l'église Saint Martin, perchée elle aussi, en bord de serre face à la vallée.

L'édifice est imposant, sous ce ciel de plomb et devait certainement engendrer un certain respect de la part des ouailles du Moyen-Âge. Le cimetière qui la contient est immense. Le clocher en forme de tour carré percé multiples ouvertures pour les cloches, devait renforcer le sentiment d'assujettissement.

Cette église date du XII° siècle dont elle a conservé le plan et une partie du chevet. Le clocher a, quant à lui, été reconstruit après la guerre de Cent Ans dans la 2° moitié du XV° siècle. Après les guerres de religion, l' église, sauf le clocher, est reconstruite au XVII° siècle, les travaux seront achevés en 1682. Il y aura des restaurations diverses au XIX° siècle.

Ici une petite porte comme on en réservait aux malheureux cagots.

Le clocher-tour de Saint-Martin..

La masse de l'église coté vallée, offre plutôt une impression de tour défensive avec de rares ouvertures en hauteur. Elle permettaient sans doute de scruter le trafic dans la vallée.


Sur le coté de l'église, on prend conscience de l'importance réservé au passage de ce généreux cimetière.

Sur la route partant de Roquecor, le moulin sur la serre, bien placé dans le vent car les ailes, bien que sans toile, tournaient, indique le chemin menant à la voie, toute proche, d'Agen à Cahors. Quant à nous, nous suivrons une très vieille voie parallèle après le contournement en hauteur d'un profond vallon, vers Redonde. On trouve ce hameau sur la carte de Cassini.



Il ne reste que ces bâtiments de l'ancien hameau que nous passons par la gauche. Il est devenu la propriété de hollandais, comme le véhicule le témoigne, que nous saluons au passage. Les ruines de cet ensemble, assez important, est situé à notre gauche dans un espace où les arbres ont pris la place au milieu des murs encore debout ou des pierres sur le sol. Notre hollandais a une carrière à domicile! Ces maisons se situent avant la cassure du chemin en pente que nous suivons. Bordé de belles pierres qui le soutiennent encore, il est surmonté de buis gigantesques qui, faute de taille, sont montés en hauteur. Toutefois les troncs sont énormes et la voie superbe.

Sur notre droite de cette image, s'ouvre un autre vallon sauvage très profond où coulent quelques rus que la serre libère.

C'est là que se succèdent trois hameaux que les arbres dépourvus de feuilles révèlent dans un cache-cache de branches :Espagnol, Moulinié et Loustalet le bien nommé : c'est le plus petit des trois. L'oustal signifiant la maison ou mieux le "chez soi". Le suffixe, comme en français, en faisant le "petit chez soi", par rapport aux deux autres hameaux si proches! Leur orientation étant idéale car tournée vers le sud-est.

Ce très joli chemin est encore parfaitement empierré et descend en souplesse vers la vallée de la Petite Séoune.



Ici, la terre est sombre et fine, parfaitement enrichi par les éventuelles sorties de la rivière. L'espace s'élargit et les hauteurs calcaires de l'autre rive de la Petite Séoune se dressent devant nous sous un ciel lourd traversé par le soleil ...lunatique de mars!

Nous passons Boyer Bas et Boyer haut caché dans les arbres de la butte.

Le rideau d'arbres signale le cours d'eau tout proche.


Le joli serpentement de l'eau, qui reflète un ciel enfin bleu, de la Petite Séoune. C'est ce modeste cours d'eau qui, au long des millénaires à creusé patiemment cette vallée que nous traversons.



Le vent et les passages de nuages sous un soleil perçant çà et là de manière inattendue donne des couleurs irréelles au paysage.

De très loin se profile la masse compacte de Canussel...

...alors que le moulin du Faure se blotti dans les replis du terrain. Toutefois, nous nous engageons sur le chemin qui monte vers le château.


Au cours de notre ascension, le soleil taquine joliment les arbres de la colline ...


...et le village de Roquecor se dévoile lui aussi, comme sous un projecteur. Les arbres de la route profitent également de cette lumière particulière qui les met en valeur par le contraste de la serre restée dans l'ombre.


La pente douce nous conduit doucement vers la masse de Canussel qui nous dévoile alors deux tours carrées.



Quelques vues du vallon que domine le château.

Canussel
A vrai dire, il ne s'agit que d'une demeure, toutefois elle est est bien dite "chateau de Canussel". Ses parties constituantes comprennent outre le bâtiment et son escalier de distribution extérieur, une cour, des parties agricoles et un pigeonnier. Son époque de construction se situe au XVII° siècle et le maître d'oeuvre est inconnu. Il est en cours de restauration globale.
(informations Patrimoine de France)



image Fanch
Nous sommes sur la plana (mot occitan si mal traduit par l'innaproprié plaine). Il s'agit de la "plaine" de Lacour où sifflent des vents coupants. Les arbres grincent alentours, mais nous gagnons la route vers le village pour le moment invisible. Il tombe un grésil glacé qui ne permettra que quelques images dont celles de l'église. Quelques replis du terrain protège Lacour de Visa des vents du nord. Cet agréable village médiéval domine au sud la Grande Séoune.

Vue du village vers la vallée.

Eglise fortifiée du XII° siècle. C'est l'édifice le plus ancien de ce village datant du XI° siècle. On trouve une première mention d' un fief noble en 1048 .




Vue sur la vallée au pied de l'église avant de rejoindre la "plaine" de Bousquet sous de fortes bourrasques. Nous déscendons sur Tambourayré, passant auprès des ruines de la chapelle de St Cyrice. Il s'agit encore d'un très vieux chemin bordé de pierres. Après Cardalus nous appercevons le lac de Peyralade, village qui le surplombe à l'est, dans la combe de la Molle.

Passé le hameau de La Claux, la petite église Saint-Etienne-de-Solmières du XII° siècle. L'église, actuellement nommée plus simplement Saint-Etienne a été très remaniée à la fin du XV° siècle puis au XVII° siècle, après les guerres de religion. Son portail a été ouvert au XVIII° siècle. Ci-dessous une chapelle attenante qui, sans doute très abimée, a été fermée.

Nous quittons les lieux par ce chemin herbeux qui dévoile peu à peu dans sa courbe, le village de Roquecor, blanc sous le soleil revenu.

Nous suivons toujours ce chemin un peu au-dessus des "pastencs" plutôt que de prendre celui qui suit la Petite Séoune prise à cet endroit dans un goulet. Puis nous rejoignons le pont, traversons la route et partons, en face, à l'ascension d'un chemin très pentu, vers le rocher des Nobis. La légende dit que, lors d'un mariage, les époux et leurs invités furent écrasés par cette masse de pierre. Ce lieu étonnemment plan entre deux pentes prononcées est très bien protégé par la serre des vents dominant. Un habitat troglodyte ancien y est encore visible. Magnifique point de vue sur la vallée, il est étonnant et quasi invisible avant d'y parvenir.



Le village de Roquecor est encore invisible mais les premiers jardins vivriers en terrasses, sans doute très anciens apparaissent ainsi qu'un vieux lavoir en contre-bas.

Le chemin, les jardins encore cachés sur la gauche, la serre et les premières maisons du village. On devine un passage arrondi au loin sous une maison. C'est celui que nous avons vu au départ.

Le caniveau initial à été repris ici car sans doute très abimé.

Plus haut on retrouve le caniveau original bordant le muret qui délimite les petits jardins attenants. Il suffisait de barrer le passage de l'eau vers les portes d'entrées pour arroser!
Près du passage sous la maison, ce très beau corbeau de pierre témoigne d'un grand soin et d'un grand savoir-faire.

Le passage marquant l'entrée intra moros.

Le jardin en terrasse de la maison couvrant le passage surplombe la combe. Nous remontons vers l'église où nous avons garé notre véhicule.


Un dernier regard dans le soir tombant vers le Camp d'Andrieu et la Pièce Longue, au-dessus de la Petite Séoune sur les hauteurs en vis à vis.



Accrochées à la serre, les maisons surplombées par l'étrange tour crènelée de la mairie. Cette tour de la fin du XIX° siècle témoigne à la fois du romantisme de l'époque et de la concurence féroce entre maires et curés stimulée par la fin du pouvoir de ces derniers et le besoin des premiers de concurencer en hauteur les clochers des églises....
Quelques maisons anciennes...

...voire très très anciennes...

..où simplement très anciennes, mais quant à elles, encore debout.

Les rues étroites protectrices, comme on les aimaient...
Voilà un très joli parcours et cela malgré un froid de gueux, avec des montées souples hormis celle, toutefois brève, vers le village! Ce circuit est diponible contre quelques euros à l'Office du Tourisme de Montaigu de Quercy. Bien qu'étant en Tarn et Garonne, ces villages était Lot et Garonnais avant la création, par Napoléon, du Tarn et Garonne. A noter un balisage totalement défaillant qui comporte de nombreuses parties communes avec d'autres circuits. Il est donc impératif, non seulement de possèder le fascicule de l'OT, mais d'avoir une carte IGN au 25/°°° afin de rentrer à bon port sans encombre!

Curiosité du jour

Un cocon de chenilles processionnaires ayant colonisé ces pins parasols

Et ce très beau houx trouvé dans le bois près de Canussel.

Aucun commentaire: